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Alain et Didier en mission en Tanzanie - saison 2 (2022)
12 juin 2022

L'arrivée en Tanzanie

Après une heure pliés en quatre sur les fauteuils, Didier et moi cherchons d'autres solutions pour dormir. Didier trouve une banquette et moi un coussin de canapé que je pose dans un coin pour m'isoler un peu du bruit. Malheureusement, à 5h du matin, le personnel de l'aéroport me réveille pour récupérer le coussin car ils remettent tout en ordre pour débuter une nouvelle journée. Vers 6 heures, nous n'essayons même plus de dormir et allons prendre un petit déjeuner succinct. Vers 7 heures, on part embarquer mais Didier a une envie folle de salade de fruits. Il s'arrête donc en commander une dans un snack mais ça dure. Je pars donc en éclaireur vers l'embarquement. L'hotesse annonce alors the Last Call. Je repars donc en courant voir Didier pour qu'il se bouge et je croise une patrouille de police dont le chien m'aboie dessus car je cours. Surpris, je fais un bond de 3 mètres puis me mets à rire du malentendu, ainsi que les policiers et les gens autour. Bref, on finit par embarquer dans un moyen courrier et là, je m'endors très vite car nous tardons à décoller. Quelques minutes après, Didier me réveille : nous avons une vue incroyable sur le Kilimandjaro. Nous sommes au dessus des nuages et le sommet dépasse des nuages comme une ile flottante. Fascinant. Hélas, je constate que les neiges sont aussi  rares qu'en 2020 alors que nous sommes en automne austral (voir 2020).


Nous atterissons à Dar Es Salaam et toute se passe bien. Nous ne sommes pas très nombreux. Didier obtient son visa sans difficulté. Nous récupérons bien nos 4 valises. Nickel. Au passage de la douane, le policier qui scanne les valises est surpris par leur contenu mais quand nous lui disont que nous allons travailler avec l'Université de Dar Es Salaam, il nous dit que tout va bien et qu'on peut passer. Didier me dit que c'est la première fois que tout roule comme sur des roulettes aussi facilement alors que c'est sa 30 ème mission de terrain. Michael, notre collègue de l'Université, arrive quelques minutes après et nous faisons donc sa connaissance en vrai. Jusqu'à présent, nous avions fait uniquement des visio. Cette fois, c'est pour de vrai. Il a un 4x4 Toyota qui va nous être très utile pour les routes tanzaniennes. Il nous emmène vers un lodge où nous allons loger pour 2 à 3 jours, le temps de préparer la mission. Dar Es Salaam est tentaculaire.

 

On sent que la ville est en pleine évolution. Les routes sont en travaux. Les quartiers que nous traversons sont assez neufs et ça grouille de petits commerces de nourriture, vêtements, matériaux de construction, garages, coiffeurs, potiers, téléphonie, quincaillerie... et surtout des gens partout.

 

 

 

Ca roule non stop dans tous les sens. Voitures, motos, triporteurs, camions, bus, piétons... Peu de vélos, je pense que c'est trop dangereux. On croisera malgré tout un gars avec une vingtaine de plaques empilées d'une vingtaine d'oeufs chacune, le tout accroché avec deux tendeurs sur son porte bagage et probablement livrant des commerces. Je me dis que si il bascule un peu, c'est l'omelette géante sur la route. J'espère qu'il ne lui ai rien arrivé. L'urbanisme est plutot aéré, avec des ilots d'arbres. Les maisons sont basses avec un ou deux étages au max. Ca fait banlieue des classes moyennes. Très sympa.

On s'arrête à un distributeur retirer des Shillings Tanzaniens. Heureusement, une tanzanienne m'arrête in extremis. Le distributeur est en panne et avale les cartes. Ouf. J'ai eu chaud. Sans carte dès le premier jour... On s'empresse de trouver un nouveau distributeur et on récupère chacun 400 000 Sh TZ, ce qui fait environ 160 € et une grosse liasse de 40 billets de 10 000, qu'il va falloir planquer discrètement car ça fait une somme en Tanzanie. La nuit au lodge est facturée 30 000 Sh Tz, ce qui fait 12 €. Les chambres sont OK, avec un WC et un lavabo et une douche entre les deux mais sans bac. La salle de bain est en pente et l'eau de la douche s'évacue par un trou au bord. Je mets de l'eau partout, il n'y a pas d'eau chaude, mais c'est le luxe. Je pense que plus tard, ça sera plus roots : une bassine, deux planches et voilà la salle de bain.

"tunaomba bia tatu" (on commande 3 bières), puis six et on discute longuement tous les trois du plan de bataille à venir. Mikael ira rejoindre sa famille pendant que Didier et moi prendrons un repas gargantuesque avec du poulet très bon, du riz, des légumes... Là aussi, il faut en profiter car je pense que ça sera plus sommaire après.

Après une courte sieste pour Didier et moi, Mica vient nous récupérer et nous emmène en bord de mer dans un quartier plutôt aisé style la corniche à Marseille. Nous prenons à nouveau une bière dans un bar plutot branché, style Espace Borely avec une lumière recherchée, de la musique...

Je pense que Mica veut nous montrer un autre visage de l'Afrique, moderne, jeune et dynamique. Au retour, nous passerons devant sa maison qui est magnifique, toute neuve, grande et on sent bien qu'il en est fier. Il a raison.

Je remarque aussi qu'elle est entourée de murs de 3 mètres de haut et que son portail est quasiment une porte de forteresse. C'est l'éternel contraste des classes sociales dans les villes en Afrique, au Brésil et ailleurs. Des ilots d'aisance entourés de précarité et des systèmes de défense pour que la deuxième ne vienne pas trop empiéter dans la première. Je ne pense pas que Mica ait un salaire élevé car il est enseignant d'Université publique et pas businessman. Il appartient à la classe moyenne supérieure mais c'est déjà énorme pour ici. On parle un peu du système éducatif et il nous indique que ses enfants sont à l'école privée car le système public est imparfait. Il n'y a pas assez d'écoles et pas assez de professeurs. Certaines écoles font les deux huit. La moitié des élèves viennent le matin, l'autre moitié l'après-midi. Les classes, quand elles existent, sont prévus pour accueillir entre 50 et 75 élèves. C'est sur que ça doit pas être le top. Mica nous raconte que les milieux urbains sont très attentifs à l'éducation et veulent le meilleur pour leurs enfants. On parle aussi des milieux ruraux  où ce n'est pas le cas. Il nous interroge sur la France et ses questions nous désarçonnent souvent. Il trouve par exemple idiot que nous fassions fabriquer les voitures françaises à l'étranger alors que nous avons des ingénieurs, des ouvriers qualifiés, des infrastructures adaptés. Il est surpris d'apprendre que nous fermons régulièrement des écoles et des hôpitaux à la campagne. Une fois construites, pourquoi les détruire. Là où eux vivent dans un service public faible et rêvent d'un système public fort, c'est effectivement peu concevable de vouloir affaiblir un service public fort. Maladie dégénérative des vieilles sociétés occidentales pilotées par le libéralisme...
 

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Alain et Didier en mission en Tanzanie - saison 2 (2022)
  • En juin 2022, Didier Demolin et Alain Ghio partent en mission de terrain en Tanzanie. L'objectif est de recueillir avec des appareils de laboratoire des enregistrements de parole chez les Massai.
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