Un retour plein d'imprévus
Vendredi en début de soirée. Nous arrivons à l'hotel en taxi, chargeons les bagages et partons en direction de l'aéroport. Il est 18h. Notre avion part à 22 heures et quelques. Nous sommes à l'aise. Pas tant que ça car c'est une pagaille monstre dans Dar Es Salam. Le chauffeur nous demande si notre avion est à 20h et a l'air inquiet. Nous lui disons que nous devons être à 20h à l'aéroport car notre avion décolle à 22h et quelques. Tout va bien.
Vers 19h40, nous arrivons à l'aéroport et nous orientons vers l'embarquement. Cool. Il n'y a pas de queue, nous sommes bien en avance. L'hotesse prend le passeport de Didier et lui indique qu'il y a un problème. Son vol Dar Es Salaam-Nairobi n'apparait pas. J'essaye pour moi. C'est OK. Elle appelle un responsable qui téléphone à Kenya Airways. Apparemment, le vol de Didier a été décalé au 1er juillet. Boum.
C'est vrai que quelques jours avant, Didier avait demandé à l'agence de voyage du CNRS de faire un devis pour pouvoir rester quelques jours de plus. En effet, l'idée était de partir en prospection chez les Sandawe pour préparer une vraie mission de terrain ensuite. Mais finalement, Didier n'avait pas validé de changement. Sauf qu'apparemment, l'agence a cliqué quelque part où il ne fallait pas. Le comble est que son vol Nairobi-Paris est apparemment maintenu. Il lui manque juste le vol Dar Es Salaam-Nairobi
On me demande si moi je veux partir. Je réponds que j'attends un peu pour savoir si on ne peut pas arranger la situation. L'hotesse me répond que je n'ai pas le temps. L'embarquement dans l'avion commence dans 5 minutes. Quoi ? Je regarde mon carton. L'avion décolle à 20h35. On s'est complètement planté sur l'heure de départ. Par chance, en voulant prendre de l'avance, on est arrivés in extremis pour embarquer mais trop tard pour arranger l'affaire de Didier. Quels glands nous sommes ! Si on n'avait fait les check in à l'avance, on aurait (1) détecter le problème pour Didier (2) pris conscience de l'heure de départ. Ca me servira de leçon. Toujours mettre des bretelles et une ceinture dans ce type de mission. Ne pas jouer border line, sous peine de se retrouver en caleçon comme ce soir.
Je suis pris d'un dilemme. Je ne veux pas laisser Didier tout seul, notamment avec ses 45 kg de bagages mais comment vais je pouvoir justifier de ne pas être parti ? Il y a aussi mon transit en TGV pour rentrer à Aix. C'est la période des vacances. Les TGV sont pleins... Et puis trouver une solution pour deux, c'est peut être deux fois plus compliqué que pour un car il faut trouver deux places dans les appareils. Finalement, Didier me dit de partir. Je lui donne tout mon fric et je cours. Stop. Mon sac à dos est hors gabarit. Desk 15. J'arrive au comptoir 15. Il n'y a personne. Je retourne au desk normal. On me dit de déposer le sac et d'appuyer sur le bouton orange. Je fais le boulot des hotesses. Enorme. Et faut aussi que j'aille faire le plein de kérozène de l'avion et que je vide les chiottes ? Je me speede. Mon sac est dans le tapis roulant et rejoint les autres bagages. Je cours vers l'embarquement. Controle COVID. Merde. Faut que je retrouve mon certificat. C'est bon. Je cours. Controle douane. Je donne mon passeport. "where is the form ?" quel formulaire de merde je dois encore remplir ? Je l'ai rempli en arrivant. Apparemment, faut recommencer en sortant. Je cours chercher un formulaire. Mêmes informations qu'en arrivant. Comment tu t'appelles ? Ou es-tu né ? Quel est ton numéro de passeport ? Est-ce que tu préfères le vin rouge ou le vin blanc ? Est-ce que le PSG sera champion d'Europe avant la fin du XXIe siècle ? J'ai pas de stylo. Le douanier m'en passe un. Je remplis ça comme un chaoui. Le douanier me prend en photo et me rend mon passeport. Ouf. Je cours. Controle sécurité. J'enlève mes chaussures. Je sors le PC et la tablette du sac. Je mets mes papiers et mon téléphone dans la bassine qui passe au scanner. Je passe moi même. Je ne bippe pas. Ouf. Je me rechausse. Je mets tout en vrac comme je peux. Je cours au comptoir 14 comme inscrit sur mon billet. Ils sont en train de fermer les portes. Merde trop tard. Ca c'est joué à une minute près. Je suis bloqué moi aussi à Dar Es Salaam parce qu'on n'a pas été fichu de lire correctement les horaires d'un billet d'avion. Je m'en veux. Non ! C'est pas le vol pour Nairobi à la porte 14. Le vol pour Nairobi est décalé au comptoir 17. Je cours. Je vois la porte 17. Il n'y a personne dans la file d'attente. J'entends un appel pour cette porte d'embarquement. J'ai rien compris mais je suppose qu'ils m'appellent en last call. J'arrive comme une fusée, essouflée. Je présente mon carton d'embarquement. L'hotesse me dit d'attendre sur un banc. Que se passe-t-il ? L'avion va partir et j'attends. J'attends quoi ? Tout simplement que l'embarquement commence pour les classes eco. Quoi ! Tout cette course pour rien. Anyway. On s'en fout. Je vais avoir mon avion. Je souffle. J'en profite pour appeler Didier pour avoir des nouvelles. Il a appelé l'agence de voyage qui, apparemment a merdé. Ils sont en train de lui trouver une chambre et un vol pour demain. Ouf ! Je me sens soulagé.
L'embarquement et le voyage se fera tranquillement jusqu'à Nairobi où, apparemment, nous avons atteri un peu à l'écart. Au lieu de sortir par une passerelle, ce sont des bus qui viennent nous chercher au pied de l'avion. Ca prend du temps et je commence à voir l'heure tourner. Controle COVID super restictif au Kenya. Puis nouveau passage de sécurité, comme si nous embarquions directement de Nairobi. A mon avis, c'est parce que nous n'avons pas débarqué où il faut. Le problème, c'est qu'il y a une centaine de personnes devant moi et ça n'avance pas. Il n'y a que trois colonnes au lieu de la dizaine prévue. J'ai entendu dire que l'activité des aéroports avait été complètement destructurée par le COVID. En effet, confinement = peu d'avions = activité minimale des aéroports = licenciement des personnels = reconversion. Comme en ce moment, ça repart, il manque de personnel. Bref, je commence à m'inquiéter sérieusement car mon avion part dans 30 minutes et je suis loin d'être à la porte d'embarquement. Je finis par être controlé mais en me rhabillant, j'oublie ma banane avec passeport, porte-feuille, tout ce que je garde sur moi depuis trois semaines. Heureusement, l'agent de contrôle m'interpelle en me montrant la banane. Je la bénis. Merci Madame de votre vigilance. J'arrive à temps dans l'avion Air France pour Paris. Je suis côté hublot. Je m'effondre sur mon fauteuil et il faudra me réveiller pour le repas et le petir-déjeuner. Ce dernier me mettra les boyaux en morceaux. Quelle ironie ! Je passe quinze jours à manger de la chèvre massai, des crudités et de l'oignon, j'ai rien. Je fais un repas Air France et tout se détraque. Par WhatsApp, Didier me demande si j'ai mangé du fromage ou des laitages. Effectivement, du camembert et des yaourts. Ca fait trois semaines que mon intestin n'a pas vu de produit laitier et il réagit. Avant de récupérer mes bagages, je cherche d'abord des toilettes (en courant une fois de plus mais pour d'autres raisons). J'arrive finalement au tapis des bagages et ils sont là. J'embarque tout sur un chariot. J'ai ma valise soute, mon sac à dos soute et ma valisette cabine. Je suis OK. Je cherche un magasin de téléphonie pour pouvoir remettre ma carte SIM française. Une jeune femme d'un kiosque à forfait pour étrangers me dépannera. Je récupère alors mon numéro français où m'attendent des messages. Notamment, un message du taxi que Didier et moi avions réservé à l'aller. Un gars est là pour moi. Il m'identifie. Me prend le chariot et m'embarque dans un taxi, direction gare de Lyon. C'est trop bien d'être enfin pris en charge tranquille. J'arriverai finalement bien en avance à la gare de Lyon, prendrai le temps de boire un bon café. Didier est lui aussi sur le chemin du retour. Cool. Assis dans le TGV qui me ramène à la maison, j'écris les dernières lignes de cette mission en Tanzanie.